Si je peux émettre un souhait, ce serait celui de voir attribuer à une rue; une impasse; une place ou autres endroits publics le nom de ces deux personnages qui pour notre petite commune représentent une fierté.
Abbé Desjardins 1753- 1833
Docteur en Sorbonne, vicaire général de
Paris, Archidiacre de Ste Geneviève, surnommé « le premier curé de
France »
Philippe Jean Louis Desjardins, issu de la vieille famille Desjardins de
Messas qui y tenait jadis un grand commerce de vin et d’eaux de vie, est né à
Messas le 6 juin 1753.
Il fit ses toutes premières études sous la direction de son oncle, M. le
curé Desjardins, alors prieur de Messas. Il les continua à Meung sur Loire ou
les évêques d’Orléans avait établi un petit collège et les termina au séminaire
St Sulpice à Paris.
Il fut ensuite nommé professeur de philosophie à Lyon et fut reçu Docteur
en Sorbonne le 12 avril 1783.
Ordonné prêtre le 20 septembre 1774, il fut chanoine puis officiel et
grand vicaire de Bayeux, devint ensuite doyen de la collégiale de Meung, l’un
des plus anciens chapitres de France et dont le doyen avait droit au titre de
baron de Meung. Il fut aussi vicaire général de Monseigneur de Jarrenti évêque
d’Orléans. A la révolution, le chapitre de Meung fut supprimé comme les autres.
L’abbé Desjardins avait un frère (Joseph) Desjardins dit Desplanches à
cette époque chanoine à Bayeux.
Les deux frères abbés Desjardins partirent pour l’Angleterre le 15
septembre 1792 et le 23 Décembre de la même année pour le Canada. Ils
arrivèrent à Québec le 2 mars 1793 et y fondèrent des établissements
ecclésiastiques de prêtres français.
L’abbé Philippe Jean Louis Desjardins, se distingua beaucoup dans son
séjour au Canada, y noua de grandes relations, Le Duc de Kent, appuya sa
candidature pour l’évêché de Québec mais sans résultat.
De retour en France en 1802, il fut nommé curé de Meung.
Peu de temps après, appelé à Paris comme attaché à la légation Caprara,
il ne se plut pas dans cette fonction et obtint la cure des missions étrangères
en 1806.
L’abbé Desjardins resta en contact avec le duc
prince de Kent d’Angleterre, dit prince Edouard, dernier des Stuarts. De retour
en France il correspondait avec lui sans que la politique y fût pour rien, ses
lettres furent interceptées par la police impériale et suffirent pour le
compromettre.
Arrêté, il fut transféré au fort de Vincennes au
mois d’Octobre 1810 et soumis à un
secret rigoureux. Des amis intervinrent en sa faveur. La réponse fut son
internement au château de Fenestrelle en Piémont et ensuite à Campians, Etat de
Parme.
Sur de nouvelles démarches, Bonaparte, excédé, parle
de le faire fusiller. Deux ans après il est transféré à Vercoil. Une
grande épidémie vient à sévir cette ville sur les malades et les blessés de la
triste campagne de Russie.
L’abbé Desjardins intervient et les soigne avec le
plus grand dévouement. Il est enfin de retour à Paris en juin 1814.
Le gouvernement de la Restauration lui
offre l’évêché de Blois en 1817, il refuse.
En Octobre 1819, le cardinal de Périgord nomme
l’abbé Desjardins grand vicaire et archidiacre de Ste Geneviève de Paris. Le 13
janvier 1823, il est nommé évêque de Chalons sur Marne. Pour la 2me
fois et avec la même modestie, il refuse le titre d’évêque, comme il l’a fait
précédemment pour Blois.
La révolution de 1830 survient, l’abbé Desjardins
est pillé, on lui enlève tout, sa bibliothèque, ses tableaux de prix, son
argenterie, son linge, ses valeurs, son argent. En 1831, il reçoit une
indemnité de 15 000 francs. Le soir même, dit-on, il ne lui restait plus
rien, il avait tout distribué dans la journée eu aumônes et œuvres
bienfaisantes.
Ce qui suffirait pour le faire admirer, c’est sa
création des « Sœurs gardes malades », œuvre humaine s’il en fut et
qui a toujours rendu d’immenses services.
Vieux, malade et usé, il se retira au couvent 113
des Dames St Michel à Paris, rue St Jacques, ou il mourut le 21 octobre 1833.
A sa mort, il a laissé 3F et 60c. Jusqu'à la fin de sa
vie, il a été d’un caractère gai et aimable.
Les obsèques de l’abbé Desjardins ont eu lieu à
Notre Dame de Paris, il a été enterré au cimetière dudit couvent St Michel, rue
St Jacques. Aujourd’hui son corps repose à la crypte de la chapelle de la
maison Saint Michel à Chevilly la Rue.
Il existait au presbytère de Messas un très beau portrait de l’abbé
Desjardins sur toile, peint à l’huile. (Je
m’en souviens, il y était, lorsque le presbytère existait encore, je crois savoir que ce portrait a été, depuis, transféré à la sacristie).
Abbé
Moreau 1788-1875
Chevalier de la
légion d’honneur, ancien chanoine de Notre Dame de Paris, curé de St Médard de
Paris, Littérateur.
Jean Charles Moreau, issu d’une famille de pauvres
petits vignerons de Messas y est né le 4 Août 1788.
Il apprit à lire et à écrire chez le père Baudron
vieux maitre d’école, cordonnier et chantre au lutrin à Messas, qui savait
juste lire écrire et compter un peu.
Le jeune Moreau fut d’abord enfant de chœur du
prieur Bardot desservant Messas.
D’une intelligence supérieure pour son âge, d’un
caractère très gai, il fut remarqué par l’abbé Desjardins, dont la biographie
précède, qui en 1802 retour du Canada, l’emmena à Paris et le fit entrer dans
un grand établissement d’éducation ou il resta deux ans environ et vint ensuite
continuer ses études classiques auprès de l’abbé Duval, alors curé d’Avaray.
Lequel abbé Duval, natif de Messas, s’était réfugié à Paris pendant la
révolution et y avait exercé, tant pour se cacher que pour vivre, le métier de marchand de vieux habits et vieux galons. Cet
humble métier, dit son biographe qu’il exerçait avec un naturel et une aisance
qui trompait tout le monde, non seulement lui sauva la vie, mais encore le fit
à même de réaliser des économies qui lui permirent de fonder à Avaray un
pensionnat pour les jeunes gens de la contrée.
L’abbé Duval obtint une bourse au jeune Moreau, son
élève, alors âgé de 14 ans au petit séminaire d’Orléans. Il y termina ses
études au bout de trois ans et reçu la tonsure.
Exempté par sa taille du service militaire, il
retourna à Paris, appelé par son protecteur l’abbé Desjardins, alors curé des
missions étrangères, qui le fit entrer avec l’aide du poète Delille dans
l’instruction Publique ou il fut appelé à remplir les fonctions de professeur
de l’Université jusqu’ en 1810.
A cette époque, un commissaire des guerres nommé
Michaud, dont la famille habitait Messas, dans la maison dite de la Seigneurie , l’emmena
avec lui en Italie ou il lui servit de secrétaire. Il y séjourna plusieurs années, il y apprit l’italien et
l’Allemand.
Les événements de 1812-1813 l’appelèrent en Allemagne. A son arrivée à
Erfurt, il fut nommé secrétaire de l’ordonnance Hattot-Rosière. L’année
suivante, il fut adjoint aux commissaires des guerres : en 1814, rentré en
France, il fut nommé capitaine au II régiment de Ligne. En 1815, aux Cents
jours, il rejoignit le général Bernard, aide de camp de Napoléon et alla
rejoindre son régiment à Waterloo. Il y fut héroïque. L’empereur le décora de
sa main sur le champ de bataille et le chargea du commandement d’une compagnie
qu’il ramena à Paris.
Il rentra ensuite dans la vie privée et reprit ses études, prit part au
mouvement littéraire de l’époque, écrivit aux journaux et revues et écrivit
divers ouvrages religieux.
Revenu à sa vocation pour le sacerdoce, il entra en 1821, alors âgé de 33
ans, au séminaire St Sulpice à Paris, alors que le vieil abbé Desjardins,
toujours son ami et protecteur était vicaire général du cardinal de Talleyrand
Périgord.
Promu prêtre le 12 juin 1824, il y remplit ces fonctions à Notre Dame des
Victoires de Paris et ensuite à Notre Dame de Paris ou il reste 18 ans.
En 1836, il fit un deuxième voyage en Italie et composa un ouvrage :
« Mes vacances en Italie »I volume – chez Bray librairie à Paris,
tiré à 2 éditions. Ouvrage très érudit, recherché et apprécié encore
aujourd’hui après tant de travaux sur le même sujet. (Je confirme que cet ouvrage est encore vendu de nos jours, en 2009,
j’en possède un exemplaire.)
En 1840 Monseigneur l’évêque de Quelen le nomma chanoine honoraire de sa
cathédrale de Notre Dame de Paris.
Puis il fut nommé curé de l’église St Médard de Paris en 1843.
Sa nomination de chevalier de la Légion d’Honneur qui avait sans doute été
contesté par les autres gouvernements fut confirmée par le second Empire, le 6
Avril 1854.
Très instruit, très érudit, dit un de ses biographes, doué d’une mémoire
extraordinaire, d’un caractère toujours gai, aimable, plein de courtoisie et de
cœur. L’abbé Moreau connut beaucoup et eut des relations toutes particulières
avec Charles Nodier, le père Lacordaire, l’abbé Caron, Don Guéranger,
Montlambert, Quatremère de Quincy, Sylvestre de Sacy.
- L’abbé Moreau est mort à Paris, rue Chanoinesse, au n°4, le 9 mai 1875, âgé de 87 ans. Son corps repose au cimetière du Père Lachaise.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Un petit commentaire ?