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Les textes et listes cités sont extraits de :
- "Notes et Renseignements sur Messas" de Narcisse Bridault (juillet 1899)

- Extraits de l'Histoire de Beaugency par Mr Lorin de Chaffin


mardi 1 janvier 2013


GUERRES ET INVASIONS





En raison de sa proximité de Beaugency, d'Orléans et des bords de Loire, Messas, comme les campagnes environnantes eut de tout temps à souffrir des guerres et des invasions.

XIVème, XVème et XVIème siècles

Extraits de l'Histoire de Beaugency par Mr Lorin de Chaffin.

« En 1356, pendant la captivité du roi Jean en Angleterre, le prince de Galles à la tête d'une armée de vingt mille hommes, composés d'Anglais, et de Gascons, vint mettre le siège devant Beaugency, s'empara de cette ville et y séjournait pendant qu'un de ses lieutenants, Robert de Canolles saccageait les campagnes environnantes.

Beaugency (et ses environs) eut beaucoup à souffrir des guerres civiles qui, de 1411 à 1415 désolèrent la France dans la longue querelle des Bourguignons et des Armagnacs.

Il était dans la destinée de notre ville d'être continuellement prise, tantôt par un parti, tantôt par un autre et je m'étonne qu'elle ait pu résister à tant de sièges, d'assauts et de scènes de pillage. Nos voisins, du reste, n'étaient pas mieux traités que nous, car je vois, dans une charte du 2 avril 1418, que le comte des Vertus, frère du duc d'Orléans, alors prisonnier en Angleterre, accorda à Guy de Prunelé, évêque d'Orléans, trois arpents de bois dans la forêt de Marchenoir pour la réparation de son château de Meung, ruiné par les guerres.

En 1421, Henri V, roi d'Angleterre vint mettre le siège devant Beaugency, pour se ménager un passage sur la Loire.

Il s'en empara, mais, ……. Le pays était tellement dévasté, que les Anglais ne purent s'y maintenir et se retirèrent du côté de Paris.

En 1428, le duc de Bedfort, se disant régent de France vint mettre le siège devant Beaugency qui se rendit ……

Les Français, commandés par le duc d'Alençon qu'accompagnait Jeanne d'Arc vinrent mettre le siège devant Beaugency, le 18 juin 1429 à minuit……

En 1465 et 1466, Beaugency eut pour garnison les francs -  archers de François II duc de Bretagne qui s'était joint aux Princes mécontents de Charles VIII ; la ville eut beaucoup à souffrir de leur séjour …… ».

 

 

En l'an 1489, sous le règne du roi Charles VIII, Messas était un gros bourg qui dépendait en partie de la paroisse de Baule, toute la partie Est de la grande rue de Chiot à la Margottière et pour la rue et le quartier des Hauts-Talons dépendaient pour le surplus de la banlieue de Beaugency, côté Vernon.

Le village de Baule était à cette époque érigé en baillage, dont le bailli avait ses tenues de jours à Messas pour y rendre justice.

 

Il parait que Messas s’appelait alors Mez, qui viendrait du latin Missa, qui en français fait Messe et est devenue le Messas actuel. Cette information vaut ce qu’elle vaut car aucun document n’atteste cette origine. En recherchant l’étymologie du nom Messas il en résulte ce qui suit : "nez" (maison) et "ars" (brûlé). On donne, à cette époque, aux habitants de Messas le surnom « d’oies de Messas » (Je n’en ai pas trouvé la signification exacte).

 

Ce qui est certains, c’est qu’avant 1489, Messas ne possédait ni chapelle ni église, c'est-à-dire de lieu de communauté ou de lieu de réunion collectif ou se concentraient et se débattaient à ces époques les intérêts communs aux habitants du même pays, pour la raison que ce bourg dépendait de la paroisse de Baule.

Dans ces temps là, les églises ou les chapelles étaient généralement et surtout dans les campagnes, le lieu particulier, ou, sous la présidence et l’autorité des seigneurs, du prieur curé et de quelques syndics, échevins, marguilliers et gagiers se concentrait tout intérêt commun, état civil et administration. Or, le bourg de Messas, qui, déjà était d’une certaine importance, comme nous le verrons au fil de ce document, trouvait qu’il était bien loin pour ses habitants de se rendre à Baule ou Beaugency pour assister aux offices ou régler leurs affaires de famille, d’état civil et d’intérêt commun. Il se fit donc d’abord autoriser à construire une chapelle. Celle-ci fut ouverte le 5 Octobre 1489. Elle fut construite sur l’emplacement qu’occupe actuellement la nef de Saint Vincent.

 

C'est seulement à partir de 1524 que la chapelle de Messas fut définitivement érigée en église et que le bourg se transforma en paroisse indépendante (sous certaines conditions de paiements de messes, services d'offices...). Ainsi le village de Messas est définitivement né.

Cette église sera agrandie vers 1620 sa nef sera agrandie en 1860/1861 par Clouet et  la restauration des voutes, fresques et peintures diverses en 1886.

La seconde cloche de la paroisse a été bénie le 6 Octobre 1732, elle a été nommée « Guillaume Marie »

Elle aurait été parait-il fondue dans la cour qui existait alors et qui forme aujourd’hui la place devant la salle des fêtes.

Sa sœur ainée était plus petite et aurait été enlevée au moment des premières guerres pour servir de fonte à canon.

L’église renferme quelques objets classés par les Monuments Historiques : une cloche en bronze de 1773, une statue en pierre du XVIIe siècle représentant St Sébastien, une statue en pierre du XVIIe siècle représentant Saint Roch, un magnifique Lutrin signé François Groux en bois et fer forgé de 1823, une Vierge à l'enfant en pierre peinte du XVIIe siècle et des fonts baptismaux du XVIIIe siècle. Ceux-ci ont été rapportés d’une église de Paris par l’Abbé Moreau*, ancien Chanoine de Notre Dame de Paris, qui les a fait installer dans l’église de Messas en 1866.

*Voir la biographie de l’abbé Moreau dans l'onglet "Nos illustres"
En référence au nom de la paroisse, La Saint Sébastien est la fête patronale du pays.

GUERRES RELIGIEUSES

Une immense révolution religieuse marqua la fin du Moyen Age…

« A Beaugency (et dans les environs, notamment à Messas), la Réforme fit de nombreux prosélytes et les deux partis, catholiques et protestants, s'y décimèrent avec une intolérance réciproque qui devait porter ses fruits … ».

Le prince de Condé, chef du parti protestant mit une forte garnison à Beaugency en 1562 et édifia un camp aux environs de Lorges et de Talcy, puis, le 2 juillet, il partit de ce camp, marchant à travers les champs encore pleins de récoltes, au secours de Beaugency, dont les catholiques s'étaient emparés après combats et escarmouches. La ville fut reprise par les protestants.

Le prince de Condé, ne se croyant pas en sûreté à Beaugency, fit sauter toutes les fortifications et se retira en toute hâte à Orléans.

« Le roi de Navarre, pour inquiéter Orléans, rétablit les fortifications de Beaugency, y mit garnison et forma à Cravant un camp de 4000 hommes ».

Et la guerre continua ainsi jusqu'en 1568, puis on fit la paix, qui ne dura guère, car quatre ans après, au mois d'août 1572, tout recommença avec un redoublement d'atrocités.

« … La St Barthélémy de 1572, dit M. Lorin de Chaffin, n'était pour la ville de Beaugency que la revanche de 1567, où les protestants avaient donné l'exemple de ces excès dont ils tombèrent victimes cinq ans plus tard, l'incendie de leurs églises, le pillage de leurs maisons, le massacre de leurs parents et de leurs amis, avaient allumé dans le cœur des catholiques ce feu de la vengeance qui ne s'éteint que dans le sang….. ».

Il est plus que probable que les atrocités qui se commirent à ces époques à Beaugency, eurent leur triste écho à Messas, à Baule et aux environs où les familles protestantes étaient nombreuses.

Le résultat de tout cela fut l'atroce misère et les calamités de toutes sortes à Beaugency et dans les campagnes environnantes : « … La misère fut tellement grande à cette époque, que les loups affamés vinrent jusqu'aux portes de la ville se jeter indistinctement sur les femmes et les enfants. Le 20 juin 1597, une jeune fille fut dévorée dans un faubourg et le 4 juillet suivant, la femme d'un meunier fut étranglée et mangée par un loup dans une prairie, …. ».

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Liste des anciennes et principales familles bourgeoises, noble ou marchandes qui ont habité la commune de Messas.

(Maitre Bridault nous recense ce qui suit :)

-1521 – DE la Rue. Vieille famille de gros propriétaires dont on retrouve la trace pendant plusieurs siècles. En 1521, nous voyons figurer : Gentian, Marin, Jehan, et Simon DE la RUE.

-1521- Giguan, Giguand et Gigan. Vieille famille de marchands à Messas et des environs, ayant de nombreuses relations de commerce un peu partout. En 1521, je relève Françoy Giguan.

-1521 – Le Mayre et le Maire. Vieille famille de gros propriétaires dont on retrouve la trace pendant plusieurs siècles.

Vers la fin du XVI ème siècle :
 Roger Charles, conseiller du Roy, contrôleur du grenier à sel de Gien, demeurant ordinairement à Messas, ou il est décédé et enterré dans l’intérieur de l’église.

Son arrière petit fils, Charles de Réméon, écuyer, seigneur de Longveau, a été inhumé à Messas le 2mai 1712, dans le même caveau à l’église.

Cette famille Roger est probablement la même que celle Rogier, dont il est question plus loin en 1617.

 

-1613- Marcadié, Marcadier, Marcade ou Marcadé. Ancienne famille de gros marchands à Messas que nous retrouvons pendant très longtemps au pays, en 1637, figure dans la confrérie de St Vincent Gentien Marcadié, marchand. En 1688, je relève Léonard Marcadé, procureur à Beaugency.

-1614- Mauris de St Martin. (Noble homme Pierre) et Jeanne Tardif, sa femme famille de bourgeois gentilshommes.

 -1617- Rogier. Vielle famille bourgeoise et de gentilshommes. En 1617, je relève Charles Rogier, escuyer seigneur de Lestinier (ou Mestivier) commissaire des guerres. En 1629, Francois Rogier, escuyer, sieur de la Motte.

-1637-  Lohier ou Loyer. Famille bourgeoise qui a habité notre pays très longtemps. En 1637, je vois figurer Nicolas Lohier dans la confrérie de St Vincent.

-1637 – Jarday, Du Jarday ou Jardy. Famille bourgeoise d »officiers et de gentilshommes, ayant souvent rempli des offices et fonctions dans la maison du Roy et même à la cour. En 1637 je relève Nicolas Jarday, officier chef de la fruiterie du Roy. En 1655, Francois  Jarday, officier du Gobelet du Roy .

-1637 – Tardy ou Tardif. Famille bourgeoise qu’on retrouve longtemps à Messas. En 1656, je relève Jacques Tardif, prédent en l’Election de Beaugency.

-1662 – Bordier, Bordyer ou Bordier de Vaux. Vieille famille de marchands commissionnaires en vins qui figure pendant de longues années sur les registres paroissiaux et qui a exercé son commerce tout probablement dans l’emplacement occupé aujourd’hui par le château de la famille de Bordeneuve et ou il reste de très grosses caves. En 1662, je relève : « honorable homme maitre Pierre Bordier », marchand et Marie Le Gaingneulx, sa femme. En 1712 décès de François Bordier des Vaux commissionnaire en vins, syndic de la paroisse et chantre au lutrin.

-1691- Girard ou Girard de la Vau. Famille bourgeoise habitant ordinairement en leur maison de la Perrière. En 1691, je relève : Sylvain Girard, bourgeois de la ville de Beaugency et Catherine Bordier, sa femme. Ce Sylvain Girard est décédé à Messas, a été enterré dans le chœur de l’église le octobre 1694.

En 1706, François Girard, sieur de la Vau, décédé à l’abbaye de Trappe sous le nom de frère Pacome. En 1709, René Girard est lieutenant en la compagnie de « la Perrière » du régiment de Chartres.

-1720 – Des Jardins ou Desjardins. Vieilles familles de marchands commissionnaires en vins et eaux de vie, dont le nom s’est éteint à Messas en 1821. Elle exerçait son commerce à la Perrière, probablement dans l’ancienne maison de la famille Bordier, aujourd’hui propriété de la famille Bordeneuve.

C’est vers 1720 que la famille Desjardins est venue s’établir à Messas. Elle a fourni le prieur Desjardins qui a desservi Messas pendant 34 ans (1742 – 1776), le célèbre abbé Desjardins dénommé le premier curé de France et son frère l’abbé Desjardins dit Desplanches, chanoine à Bayeux
En 1724, je relève : Jean Louis Desjardins négociant commissionnaire en vins et Marie Chautard, sa femme. Ensuite pendant de longues années, je retrouve traces de cette famille. Enfin le 30 avril 1821, on trouve noyé dans la loire, en face Messas, le corps de Jean Jacques Louis Desjardins, qui me parait être le dernier représentant à Messas de cette famille.

-1725 – de Bois – Guyon. En 1725, je relève Henry de Bois – Guyon, écuyer, seigneur de la grand Hout et Françoise Pavée, sa femme, demeurant à Messas. Enterrement dans l’intérieur de l’église de l’un de leurs enfants le 18 juillet 1725.

L e 24 aout 1756, M.de Bois – Guyon est parrain à Messas. Le lendemain on baptise son fils Henry Philbert.

-1757 – Pierre Mirbeau. Bourgeois de la Margottière et Geneviève Fauchard de Valfontaine, sa femme.

-1772 – De 1772 jusque vers 1830 famille Baschet, bourgeois de la Margottière.

-1825 – Le Clerc. M. Le Clerc, ancien inspecteur des guerres demeurant dans le quartier de la Perrière a été Maire de Messas de 1830 à 1844, commandant la garde nationale en 1830. Il a quitté Messas avant de mourir.

-1850 – M. Lecomte de Postel. Ancien notaire de Beaugency, s’est retiré à Messas dans l’ancien château ou closerie de la Margottière. Il y est décédé après 1870, il a été enterré à Messas.

-1850 – Caudel –Cahu. Famille demeurant au château de la Perrière. Elle a quitté Messas en 1875 pour s’installer à Beaugency.

-1850 – Main- Lecomte. Cette famille habitait l’ancienne seigneurie*, ou se trouve actuellement installée l’école des filles.

-1875- Famille de Lart de Bordeneuve de Veyrac. M. Le Baron Jules de Bordeneuve, ancien capitaine de cuirassiers, ayant pris part en 1870 à l’héroïque charge de cuirassiers de Reischoffen, est décédé et a été enterré à Messas le 29 juillet 1793.

 
Noms et qualités des anciens seigneurs de Messas

Avant 1652

Le premier seigneur dont l’on trouve la trace dans les vieux documents est Jehan Gauthier, seigneur de la Margottière qui en 1653 à vendu à Jehan de Briou, qui suit.

1653

C’est le premier seigneur qui figure dans les registres paroissiaux. Jehan de Briou, seigneur de la Margottière, conseiller du roi et receveur des tailles de l’élection de Beaugency.

1683

Guillaume d’Avaleau, seigneur et conte de Messas et noble dame Marguerite de Gyns, son épouse, le dit seigneur enterré en l’église de Messas en 1727.

1693

Jacques Touchet, écuyer, seigneur des Ormes, Mizien et en partie du conté de Messas, gendre du seigneur Guillaume d’Avalleau.

1732

Gouillon Jean Batiste, sieur de Launois, seigneur et vicomte de Messas, a cause de sa femme, Marie d’Avalleau

Le 6 octobre 1732, la dame Gouillon de Launois, vicomtesse de Messas, est marraine de la cloche de l’église.

1750

Rousseau Joseph, seigneur et conte de Messas

1776

Dernière famille de seigneurs de Messas dont on trouve la trace jusqu’en 1831 : De Sauzay de Beaulieu.

Cette famille a habité en dernier lieu, l’ancienne maison Quentin, rue de la Perrière (aujourd’hui n°11), qui fut aussi habitée par la suite par  Ernest Baudron, vigneron.

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Conversion au catholicisme des familles protestantes de Messas

Révocation de l’Edit de Nantes

En l’année 1685 il existait à Messas un certains nombre de familles appartenant à la religion protestante. Le temple à l’usage des protestants était juste en face du cimetière de la Mahodière (entrée de la grand cour) .J’ai très bien connu les ruines de ce temple. Des restes de porte de pierre cintrée qui ouvrait sur la rue des Hauts-Talons étaient encore visibles dans les années 1970-1980.

Pères, mères, enfants et parents, pour se soumettre à l’exécution du sévère et terrible décret de Révocation de l’Edit de Nantes, véritable monument de haine et de persécution qui venait d’être mis en vigueur le 17 Octobre 1685, se convertirent pour la plus part à la religion catholique. Ce décret portait comme peines et châtiments conte ceux qui refusaient de se convertir : confiscation de leur biens, exil, expropriations, fortes amendes….

Plus tard Voltaire dira  dans : « Eloge de la raison »…..Les mariages de cent mille familles utiles à l’état (les protestants), ne seront plus réputés concubinages et les enfants ne seront plus réputés bâtards par la loi.

Mr Bridault recense, dans ces notes sur Messas, 16 familles protestantes converties au catholicisme durant l’année 1685.

Sur les chemins et routes

Chemin des moines de Cîteaux et de la Vènerie

On raconte qu’autrefois, les moines de l’ancienne abbaye de Cîteaux, près de Marchenoir et dont il ne reste actuellement plus rien, passaient à pied dans leurs excursions sur le petit chemin ou grand sentier qui passe entre le chemin de Vauguignon et le quartier de l’Ormes Bade, venant de la direction de la Dardoise et se dirigeant par le chemin des Terres Noires, Vernon, le Mée et pour gagner Marchenoir et l’abbaye de Cîteaux. Il existait sur ce chemin, il n’y a pas bien longtemps encore, de très grosses pierres, dites « Pierres aux Moines », sur lesquelles ces derniers se reposaient, au cour de leurs voyages, et disaient des prières. Sur ce même chemin passaient les vèneries de chiens des seigneurs qui se rendaient ou revenaient des grandes chasses qui se déroulaient du côté de Marchenoir.

Grande route de Paris à Bordeaux

La grande route nationale n°152, dite de Briare à Angers, ou de Paris à Bordeaux, n’existe que depuis 1835. Il existait avant cette époque qu’un chemin de communication qui passait au sud-est de la propriété de la Margottière, lieu dits « Les Pavés »

A propos de cette route Mr Lorin de Chaffrin raconte ce qui suit :
« La route départementale n°1 d’Orléans à Blois, commence à l’est de Lailly et quitte le canton à la limite même du département après un parcours de 4 km 850m.

Cette route, jadis route royale, avant qu’il ne plût à Mme de Pompadour de la transporter sur la rive droite de la Loire, pour s’éviter le passage du fleuve en se rendant à Menars et faire repentir les Orléanais d’avoir dit que leur pont supportait tous les ans, le plus gros fardeau de la France…. (en  parlant de Mme de Pompadour) »

Chemin de la Messe

Il y a de cela bien longtemps déjà, racontent les vieux du pays qui le tiennent de leurs grands parents, existait à Messas, un petit chemin ou plutôt un grand sentier, qu’on appelait « le chemin de la Messe », sans doute parce qu’il conduisait à l’église ou à la chapelle.

Il était situé au Nord Est de la grande rue de Chiot, passait au bout des Clos des Vaux, du Fief, de Chiot. C’est par ce chemin de La Messe, presque toujours impraticable qu’on amenait le vin à la vieille route au moyen de traîneaux, car, pour le chemin de Messas ou grande rue de Chiot, il n’y fallait pas penser. Il était, paraît-il plus impraticable encore que le chemin de la Messe.

C’était dans le bas du Fief, un immense bourbier ou poussait le jonc et la rouche. Du reste, à cette époque, il n’y avait à Messas que quelques ânes et mulets et très peu de chevaux. Les transports de récoltes, fumiers et autre se faisaient presque exclusivement à la hotte.

Chemins en général

A ces époques éloignées et jusqu’à la fin du XIXème siècle, tous les chemins de la commune de Messas étaient à peu près tous impraticables. On n’y pouvait passer à grand peine que dans la bonne saison. Comme exemple on cite que sur le chemin de Mauregard, de Messas à Vernon, un tombereau vide a dû rester abandonné pendant trois mois d’hiver dans un bourbier d’où il a été impossible de le sortir avant le beau temps.

Le long de ses rues, Messas conserve une quinzaine de puits très anciens qui jalonnent le village. Ces derniers permettaient aux habitants des cours communes d'y puiser de l'eau.

 
Population

Mr Bridault recense ce qui suit :

Au premier abord, on peut être étonné de la quantité et de la variété des noms des anciennes familles de Messas, au nombre d'environ 400, mais cela n'a rien d'extraordinaire si l'on tient compte :

-         que ces noms sont relevés sur une période de trois siècles : XVIème, XVIIème et XVIIIème, (Ils sont listés en fin du document).

-         qu'à ces époques éloignées, la population devait être importante (nombreux baptêmes et nombreux mariages consignés dans les registres paroissiaux),

-        que les jeunes gens se mariaient beaucoup plus jeunes qu'aujourd'hui et avaient de nombreux enfants, (en 1719, 14 mariages le même jour et par la même cérémonie)

-          que beaucoup des mariages étaient contractés alors avec des familles étrangères à la paroisse et notamment avec des familles de Baule, de Beaugency, de Meung sur Loire et même de Gien, Pithiviers, Châteaudun, Blois… ce qui amenait de nouveaux noms dans la paroisse,

-          que beaucoup des noms relevés, par suite d'orthographe fantaisiste ou mal connue sont de même origine (par exemple : la famille Rolland dont le nom s'écrit de huit façons différentes),

A une époque éloignée (1603) l'instruction devait être assez avancée à Messas car les actes paroissiaux sont couverts de belles, alertes et abondantes signatures de gens du pays. Mais cela ne dure pas, les signatures deviennent ensuite grossières, maladroites et rares pour ne reprendre leur belle allure qu'après la Révolution vers la fin du XVIIIème siècle.

Le premier baptême régulièrement constaté en la paroisse de Messas est celui de Catherine BONNIER :

1603 – Le lundi vingtième jour d'octobre mil six cents et trois a été baptisée Catherine fille de Jehan Bonnier et de Simone Desgroyes, ses père et mère, son parrain Josselin Bonnier, sa marraine Andrée Rousselet. Ce baptême et tous ceux à présent baptisés faits et par lois vicaire dudit Legoulx prieur susdit signé Lois…

Évolution de la population
947
1 070
1 087
1 156
1 158
1 129
1 066
1 078
1 022

 

Évolution de la population, suite (1)
957
975
974
926
868
878
875
854
712

 

Évolution de la population, suite (2)
681
650
606
564
507
462
452
461
512

 

NOTES SUR LES REGISTRES PAROISSIAUX DES BAPTEMES

« MARCOU »

Le 23 août 1725, baptême de « MARCOU » né du mariage de Pierre Bidault et de Catherine Lhostellier.

A propos de ce prénom de Marcou, le curé prieur fait suivre l'acte de baptême de la mention suivante :

« Nota que cet enfant a été nommé Marcou parce qu'il est le septième garçon né dans et du mariage légitime dudit Pierre Bidault et de ladite Catherine Lhostellier qui a enfanté sept enfants mâles de suite et consécutivement sans qu'il soit né aucune fille entre aucun desdits garçons. »

Saint Marcou, Marcoul ou Marcoulphe, abbé de Nanteuil dans le diocèse de Coutances est né à Bayeux et est mort en 558. C'est lui qui, dit-on fonda l'abbaye de Nanteuil. Ceux qui étaient malades des écrouelles priaient ce Saint pour être guéris. D'après une tradition, ce fut Saint Marcou qui révéla la faculté qu'avaient les rois de France de guérir cette maladie le jour de leur sacre.

Il existe à l'intérieur de l'église de Beaugency  un Saint Marcou fêté le premier mai de chaque année. Ce jour-là viennent encore à Beaugency un nombre considérable d'étrangers pour faire dire, moyennant 0,25 francs, un évangile audit Saint Marcou pour faire guérir des écrouelles. Il y avait autrefois dans nos environs, un Marcou né dans les conditions ci-dessus mentionnées par le curé prieur Bouthegourd. Il avait dit-on une énorme clientèle de malades des écrouelles qui venaient de très loin auprès de lui pour se faire guérir. Il lui suffisait de toucher ou d'imposer la main sur la partie malade en récitant une courte prière (le tout, bien entendu moyennant salaire qui rapportait gros au Marcou).

 LES JUMEAUX

1722 – 26 avril. Baptême de Louis et Jean Herbaudière frères jumeaux.

A la suite de l'acte de baptême des frères jumeaux le curé prieur écrit :

« C'est le dit Louis qui est venu au monde le premier et ainsi selon la croyance de ce temps fondée sur quelques arrêts c'est ledit Jean qui est son aîné ».

On remarque qu'à cette époque les registres paroissiaux mentionnent très souvent la naissance d'enfants jumeaux, nous relèverons même une triple naissance.

 

Les naissances pendant les 10 années de 1604 à 1613 donnes une moyenne de 41 naissances annuelles. En revanche cette moyenne chute à 12 naissances annuelles pour les 10 ans de 1889 à 1898.

 

En outre, concernant les décès, M.Bridault attire l’attention sur le fait qu’’un grand nombre de décès d’enfants provenant de l’hôpital d’Orléans sont recensés pour les années 1820/1824. (5 en 1820, 18 en 1821, 10 en 1822, 7 en 1823, 16 en 1824)

Pour produire un tel nombre de décès, il fallait nécessairement que le nombre d’enfants de l’hôpital mis en nourrice à Messas fut énorme.

Cela tenait, à ce que dans ses années, le vin ne se vendait pas ou à un prix dérisoire, ce qui occasionnait une misère. Or les pauvres gens cherchaient tous les moyens pour gagner un peu d’argent afin de compenser.

En 1851, Messas avait 1022 habitants. En 1856, seulement 957. Cette différence en moins à tenu principalement à la terrible épidémie contagieuse cholérique, qui à frappé notre commune en l’année 1854. En 5 à 6 semaines, une soixantaine de personnes sont décédées. Des familles ont perdu 4 à 5 enfants. Dans une seule journée, il est décédé 5 personnes.

En 1889, la population était encore de 818 habitants et en 1899, elle est retombée à 712.

En dix ans cette différence de 106 habitants s’explique surtout par les mauvaises récoltes de vins, causées par le phylloxéra qui  a détruit complètement le vignoble et déterminé beaucoup de jeunes à quitter le pays pour s’installer dans les villes.

 

Dans son travail de recensement, M.Bridault, nous fait part de notes curieuses sur les remèdes de bonnes femmes vers 1632. Ces notes sont extraites des registres paroissiaux de l’époque ou certains prieurs n’hésitaient pas à consigner entre les actes d’état civil les mœurs des gens du pays.

« Pour faire crever les punaises : prendre des fugons ( ?) mis sur la paille. »

« Pour la douleur des dames : prendre vingt feuilles de lierre et le mettre dans un petit pot de bon vieux vin, un peu de sel, laisser le tout bouillir jusqu'à ce que les feuilles soient bien cuites, puis sortir du feu et laisser refroidir afin que tu puisses la porter à la bouche et que tu puisses endurer le vin dans la gorge….. de même que sur la douleur »

« Pour faire un beau visage : remplir sa main de persil et d’orties, amandes de pêcher, faire bouillir le tout ensemble et distiller »

 

Mr Bridault ajoute un commentaire:

La population de Messas est honnête et laborieuse, en générale intelligente, de nature très curieuse, avide de s’instruire.

En outre les abbés Desjardins et Moreau, célébrités dont le pays a le droit de s’enorgueillir, la commune de Messas a fourni quelques personnes qui sont sorties du rang, notamment : M. le capitaine Couté, tué en 1809 à la bataille d’Ebelsderg, M.Damont, officier sous le premier empire, M. Gaillard capitaine de gendarmerie, deux notaires (famille Bridault), un inspecteur primaire (famille Divray), plusieurs instituteurs et institutrices, un directeur propriétaire d’imprimerie (M.Laffray), un chef de cuisine d’une des grandes maisons d’Angleterre…..

Toutes ces personnes sorties de familles modestes et de l’humble école du village. Certes, les petites communes sont rares, qui, dans les mêmes conditions, fournissent un pareil contingent de personnes ayant acquis une instruction supérieure, livrées à elles mêmes et presque par la seule force de leur volonté

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De temps immémorial le territoire de Messas a été cultivé en vignes, les plus vieux titres et documents retrouvés concernant ce pays nous parlent de vignes et de vignerons.

Depuis toujours, le vin rouge de Beaugency a joui d'une grande et juste renommée pour la finesse et son bouquet, renommée qui s'étendait très loin.

Messas (faisant partie de ce vignoble de Beaugency) a été au premier rang de cette vieille renommée avec l'antique cépage de vin rouge appelé : Auvernat Meunier.

 

Le Gris Meunier

C'est un vin de table typique de l'Orléanais. Sa valeur ne vient pas de son degré alcoolique mais plutôt de sa fraîcheur, de sa finesse et de son fruité. C'est un vin léger qui se conserve difficilement et son bouquet n'est pas apprécié de tout le monde.

 

Le GRIS MEUNIER s'appelle ainsi car sa feuille est recouverte d'un léger duvet qui lui donne une teinte un peu grisâtre. On raconte qu'un meunier avait livré des sacs de farine à un vigneron qui le paya en vin gris. La journée étant chaude, le meunier but très fréquemment sur le chemin du retour. Arrivé chez lui, il eut un phénomène de dédoublement. C'est ainsi que ce petit vin fut appelé "GRIS MEUNIER.

Les vignobles de Messas, comme ceux des environs, ont eu à subir les conséquences de maladies diverses : oïdium, tacon, urbecs ou urbères, coulure, gribouri, mildiou, rougeole, ulboeufs, … Toutes ces maladies ont toujours été combattues avec énergie par les vignerons et la dernière venue, le phylloxéra, qui a détruit tout le vignoble, a été la plus terrible. Mais, grâce au courage et à la ténacité de la population, les plaines dévastées ont été reconstituées en quelques années de beaux et plantureux vignobles.

Dans de vieux documents authentiques, il a été recueilli divers renseignements sur les vignobles et les vins de Messas, il en résulte ce qui suit :  

Il y avait autrefois une grande quantité de propriétaires bourgeois de la ville de Beaugency qui faisaient valoir des vignes à Messas dans divers clos et maisons dites « closeries » :

- la closerie de Chiot ou de la Bonne Dame qui appartenait à une famille Moreau de Beaugency,  puis à la famille Noré-Perceval, ensuite en 1921 à la famille Durand-Herbaudière,

- la closerie de la Margottière qui appartenait à Théophile Herbaudière*, vigneron (c'était l'ancienne demeure des seigneurs de la Margottière),

-  la closerie du Pressoir Bézard qui appartenait à un bourgeois de Beaugency nommé Poisson, à la famille Rousseau puis à Monsieur Coulmeau en 1921,

-  la closerie de la Dardoise qui appartenait à un Monsieur Héron, bourgeois de Beaugency puis à la famille Jallet…

Et quantité d'autres closeries et vignes éparses. Tout cela a été vendu et acheté par les vignerons du pays qui possèdent tout sans exception.

Autrefois, avant la révolution de 1789 le clergé de Messas, accompagné de la population allait avec croix et bannière en procession à Cravant pour préserver la vigne de la maladie dévastatrice des urbecs ou urbères.

Toutes les paroisses voisines faisaient également ces processions (on venait même d'Avaray, Loir-et-Cher).

Il était d'usage, vers le commencement du XIXème siècle d'établir à Messas et dans les vignobles environnants, un arrêté municipal dit « ban des vendanges », dont le but était d'empêcher les vignerons de vendanger trop tôt et avant complète maturité du fruit, dans l'intérêt de la qualité du vin.

A cet effet, municipalité et principaux propriétaires vignerons du pays se réunissaient

En séance et, après délibération, fixaient la date du jour où les vendanges pourraient commencer ; le ban, ainsi arrêté était annoncé au son du tambour dans chaque quartier, carrefour avec menaces des foudres du procureur, de procès, d'amendes… contre les contrevenants.

Dans les registres des délibérations, il a été relevé l'établissement des bans des vendanges fixés ainsi : pour 1820 au 27 octobre, pour 1821 au 10 octobre, pour 1823 au 6 octobre, pour 1824 au 4 octobre…

En 1822, le maire qui était alors Georges Alleaume fait écrire la mention suivante dans le registre des délibérations :

« L'an 1822, les raisins, quoique très gros ont mûri avec tant de rapidité qu'on n'eut pas le temps d'établir un ban de vendange et on vendangea le 22 août et on faisait partout du vin le 26… » (1)

Cet usage du ban des vendanges, qui portait il est vrai atteinte à la liberté, tomba en désuétude par la suite en raison des violentes discussions et protestations auxquelles il donna lieu.

(1)  A la fin du registre des naissances de l'année 1822 on trouve cette mention :                          Mémoire à la postérité

Année 1822

« L'année 1822 est remarquable par sa primauté, il y eut très peu d'hiver, il fut des excessives chaleurs en mai et juin. La moisson des froments commença en ce pays le jeudi 27 juin. L'on commença la vendange en ce pays le 22 août quoique les raisins fussent extrêmement gros, l'on rapporte qu'il n'y avait pas eu de si gros fruits aux vignes depuis l'année 1772, mais ils étaient supérieurement mûrs et l'on fit d'excellent vin. Je foulais une cuve le dimanche 25 août, elle était si chaude que j'avais peine à pouvoir la fouler et nous fîmes le vin le lendemain 26 août. Les cuves tirent ordinairement 12 poinçons, l'on ne pouvait en tirer que 10 parce que l'on ne pouvait les emplir à cause de l'extrême fermentation. » 

Signé : Grillon Augustin

Adjoint de la commune de Messas

En 1823, la municipalité établit sur les territoires de Messas et dans ses propriétés environnantes, une garde des vignes aux approches des vendanges en raison des dégâts et vols qui avaient lieu à cette époque. Cette garde était choisie parmi les principaux vignerons du pays.  

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Grêles et gelées extraordinaires des vignes :

-   le 31 mars 1793, les vignes gèlent totalement depuis Orléans jusqu'à Tavers,

-   le 17 mai 1839 une forte gelée ravage toutes les vignes dans les fonds ; le 18 juin de la même année la grêle brise tout : bâtiments, vignes et céréales, (2)

-   le 18 mai 1871, jour de l'Ascension les vignes sont fortement atteintes par la gelée…

(2) A la fin du registre des naissances de l'année 1839 on trouve cette mention : 

Mémoire à la postérité

Année 1839

« Le 17 mai il vint une gelée qui ravagea toutes les vignes qui étaient dans les fonds et le 18 juin, sur les 4 heures et demie du soir la grêle la plus épouvantable vint fondre sur cette commune.

Elle était grosse comme des œufs de poule et serrée. Elle a tout ravagé entièrement, vignes, grains et fourrages, tout a été entièrement perdu surtout dans les quartiers des Hauts Talons et la Perrière. Les maisons de ces quartiers souffrirent terriblement, la grêle cassa les tuiles et mit les logis entièrement à découvert, elle brisa tout sans exception, l'on ne fit point de récolte et le pain valut 20 centimes la livre jusqu'à la récolte de l'année suivante. » 

Signé : Grillon Augustin
secrétaire de Mairie 

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Prix des vins à Messas

La pièce ordinaire de 228 litres de vin enfûté valait :

-  en 1771 …..  43 livres,

-  en 1772 …..  26 livres 3 sols,

-  en 1798 …..  49 francs,

-  en 1799 …..  37 francs,

-  en 1804 …..  36 francs,

-  en 1805 …..  40 francs,

Dans ces années 1804 et 1805, les fûts valaient 10 francs ; il restait au vigneron 26 et 30 francs par pièce, prix du fût déduit, sans compter les frais de vendange, de pressurage, de soutirage…

-  en 1813 …..  48 francs,

-  en 1814 …..  80 francs,

-  en 1816 ….. 100 francs,

-  en 1817 …..  64 francs,

-  en 1818 …..  40 francs,

-  en 1819 …..  de 31 à 37 francs (et les fûts valaient de 8 à 9 francs),

-  en 1821 …..  51 francs,

-  en 1822 …..  52 francs…

Tous ces prix peuvent être considérés comme sérieusement établis, il s'agissait en effet des vins provenant des quêtes faites à Messas par la fabrique de l'Eglise et qui étaient vendus à l'adjudication. Celles-ci avaient souvent lieu à Beaugency où se présentaient des amateurs étrangers –ainsi, en 1820, ce vin a été adjugé à un Mr Le Baux, négociant en vin à Versailles, au prix de 51 francs la pièce enfûtée-. 

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Années d'abondance et de qualité des vins

D'après des documents et renseignements particuliers, il a été relevé ce qui suit :

-  1772, abondance et qualité,

-  1804, abondance extraordinaire (vers Blois, on laissa perdre les raisins faute de bras pour les récolter. Les poinçons valaient jusqu'à 20 francs),

-  1811, vin de qualité exceptionnelle, dit « vin de la comète »,

-  1822, grande quantité, grande qualité,

-  1825, grande quantité,

-  1834, 1841 et 1846 : quantité et qualité,

-  1848, grande abondance, grande qualité,

-  1851, qualité et quantité,

-  1858, qualité et quantité : on faisait le vin le 1er septembre ; quatre ans après la récolte, en 1862, Mr Noré de Chiot  en a vendu 4 pièces pour 800 francs, soit 200 francs la pièce (228 litres), prix qui n'avait jamais été atteint dans le pays.

Le vin a eu aussi sa très mauvaise année en qualité : c'était en 1860, on appela ce vin « le Garibaldi ».

A propos du prix des vins Mr Lorin de Chaffin écrit dans son Histoire de Beaugency :

« Sous le 1er Empire, alors que la mer était fermée aux bâtiments marchands, les vins de Beaugency partageaient avec ceux des autres pays vignobles de l'Orléanais le privilège d'approvisionner Paris, le Perche, la Bretagne, la Normandie et une grande partie du nord de la France. Aussi firent-ils à cette époque la fortune d'un certain nombre de propriétaires et de commerçants. Le prix de 1814, en permettant aux vins du Midi de venir concurrencer les nôtres leur a porté un coup fatal et par suite de la dépréciation des prix les propriétaires (il fait ici allusion aux propriétaires bourgeois de Beaugency) lassés d'une nature de biens devenue improductive, ont laissé passer les vignes de leurs mains à celles des vignerons qui savent en tirer meilleur parti…

Louis Philippe, (qui paraît-il aimait beaucoup le vin de nos pays) n'oublia jamais de faire pendant son règne une ample provision de vins de Beaugency et, selon M. de Montalivet, au pillage des Tuileries et du château de Neuilly en 1848, il y en avait quatre cent pièces dans les caves ».
 

1789

Les évènements de 1789 et années suivantes se firent également sentir tristement dans nos pays.

Voici notamment ce qui se passa dans notre voisinage, à Baccon, commune presque limitrophe : « Le 15 août 1789, 88 brigands se disant moissonneurs, se présentent à Baccon, en Beauce et le lendemain à un château voisin, où ils demandèrent sous une heure, la tête du fils du seigneur Mr Tassin, qui ne se racheta que par une contribution de 1200 livres et le pillage de ses caves ».

Ce fait est ainsi rapporté par Taine, historien, dans « Les origines de la France contemporaine – La Révolution » et à peu près de même par Mr Lorin de Chaffin, l'historien de Beaugency.

14 mars 1814

La journée du 14 mars 1814 fut la date d'un des évènements les plus pénibles qui ont eu lieu à Messas.

Napoléon, débordé de toutes parts par l'Europe coalisée contre lui, décréta la levée d'une armée de trois cent mille hommes pour faire la malheureuse compagne de France qui aboutit, moins d'un mois après, le 2 avril 1814 à la première abdication de Fontainebleau et plus tard le 18 juin 1815 à Waterloo.

Le département du Loiret, était appelé à fournir pour sa quote-part dans cette levée, trois mille hommes. Messas devait y contribuer pour douze hommes.

Or, ce jour du 14 mars 1814, au son de la cloche et au roulement des tambours, tous les hommes de la paroisse de 20 à 60 ans, furent appelés et réunis en assemblée dans l'église, en présence du conseil municipal, présidé par le maire, Sébastien Gaillard, assisté de son adjoint Vidieu-Herbaudière, pour s'entendre sur la désignation de douze hommes appelés à partir de suite au feu (ce qui était bien difficile car il n'existait presque plus d'hommes valides au pays, les longues guerres précédentes ayant fait d'énormes vides).

On décida d'abord que les huit hommes valides qui formaient alors la garde sédentaire, seraient les premiers appelés, puis on fit, dit le procès-verbal : « Le détiré des garçons et des hommes veufs sans enfants les plus dans la force de l'âge et ne se sont plus trouvés que dix dans laquelle l'assemblée ainsi que le conseil ont été bien d'accord que ce nombre ferait le complément des douze par l'usage du sort duquel en a résulté que les dénommés ci-après font partie de la levée de 3000 hommes pris sur la levée en masse du département ».

Les huit gardes nationaux valides étaient : Jean Bourguignon, Louis Thauvin, Jean Couillon, Michel Bourreau, Pierre Fillette, Martial Texier, Jean-Baptiste Gaillard, François Roi.

Et les quatre désignés par le sort, parmi les dix hommes valides restants ont été : Jean Moreau, Toussaint Saradin, Jean Manane et Jérémie Allard.

9 AVRIL 1814

Le samedi 9 avril 1814, dans la matinée, les cosaques apparurent vers le chemin de Baccon, à l'extrémité nord du territoire de la commune de Messas, mais ils ne firent ce jour-là que passer au grand galop de leurs chevaux, se dirigeant vers Beaugency, à la poursuite de la voiture qui emportait l'impératrice Marie-Louise et le jeune roi de Rome, son fils, escortée par un peloton de lanciers rouges de la Garde Impériale. Ils arrivèrent à la porte de Beaugency par la route de Josnes et s'arrêtèrent vers la porte Vendôme, n'osant s'aventurer plus loin, en raison du voisinage de l'armée française qui campait sur la rive gauche de la Loire.

Les cosaques ne restèrent que très peu de temps dans le pays, ceux qui vinrent camper à Messas n'y laissèrent pas de mauvais souvenirs ; on raconte même qu'ils jouaient avec les enfants du pays : ils firent, dit-on, monter l'un de ces enfants, un nommé Garnier, sur leurs chevaux pour l'amuser et le nom de « Cosaque » lui fut donné (il le conserva jusqu'à sa mort).

 

1815

Le 16 mars 1815, un nouvel appel d'hommes est lancé, mais cette fois par le roi Louis XVIII (entre l'abdication de Fontainebleau et Waterloo) en vertu de l'ordonnance du 9 mars 1815, avec ordre : « de se rendre dans les trois jours, muni de son sac à Orléans au bureau de l'état-major » sous peine de poursuites.

Ces anciens militaires appelés sous les drapeaux de Louis XVIII étaient : Louis Caillard, Jean Huveleau, Pierre Quatrehomme, Jean Noré, Jean Simon, André Simon, Louis Gaillard (fils de François), Etienne Rouzeau, Gabriel Baudron.

En cette année 1815, après Waterloo, les Prussiens occupèrent le pays, ils furent très exigeants, commirent beaucoup d'actes de brutalité, de déprédations et laissèrent un très mauvais souvenir de leur passage.

GUERRE DE 1870-1871

Messas fut terriblement éprouvé par cette guerre. Les premières patrouilles de Prussiens apparurent à Messas, dans la première quinzaine d'octobre 1870, presque aussitôt après la première occupation d'Orléans du 11 octobre.

Le 18 octobre sous la présidence de Mr Louis Favereau, maire, eut lieu une séance extraordinaire de la municipalité. Ci-dessous la copie entière sur le registre des délibérations :

« L'an 1870, le 18 octobre, un détachement prussien, commandé par un officier s'est arrêté devant la maison commune et a demandé les armes.

Le maire, Mr Favereau, accompagné des conseillers municipaux lui fit observer que les fusils de la commune étaient en petit nombre et réservés aux pompiers, qu'ils étaient déposés dans un local appartenant à la commune et que la garde nationale n'avait point été armée. L'officier, voulant se convaincre de la véracité du récit se fit conduire à la maison où étaient ces fusils. Il fut satisfait de son examen.

Alors, un des membres du conseil municipal lui a demandé s'il était en son pouvoir de laisser le tout ou au moins une partie de ces fusils, quand la conviction lui était acquise qu'ils étaient destinés aux sapeurs pompiers et qu'ils n'avaient pour but qu'un service d'ordre et de sûreté.

L'officier lui a répondu qu'il ne pouvait pas enfreindre les ordres qu'il avait reçus et à persisté à la livraison de ces fusils.

Le petit nombre de ces armes ne permettant pas à la commune de faire la moindre résistance, de nouvelles instances lui ont été faites. Il a ajouté alors « Adressez-vous au général, peut-être vous les rendra-t-il ».

Le maire fit preuve d'une bonne volonté dont nous lui savons tous gré. Il alla au quartier général pour adoucir les rigueurs dont nous étions en butte. La démarche ne fut pas couronnée de succès.

Les Prussiens demandèrent encore 60 sacs d'avoine, 30 pains, 2 vaches.

Le maire leur fit observer que la récolte du pays était en vin, peu en céréales et que l'on ne pourrait fournir une aussi grande quantité d'avoine. Sur cette déclaration, ils furent moins exigeants, ils se contentèrent de 100 kilos de pain et de deux vaches. Le tout a été conduit avec les fusils au nombre de 33 au quartier général à Aulnay-Meung. »

Après le 18 octobre et presque continuellement, les Prussiens occupèrent Messas, tantôt en masses, tantôt par petits détachements et les vexations, les brutalités, les réquisitions, le pillage, furent de chaque jour jusqu'à l'armistice.

Vers le moment de la fameuse bataille Coulmier, engagé par les Prussiens, et qui donne espoir à la France (9 Novembre 1970) après la reprise d’Orléans par l’armée Française, les exigences et les brutalités prussiennes furent terribles.

Mais ou Messas eut à souffrir bien d’avantage c’est après la bataille de Patay et la deuxième occupation d’Orléans par les Prussiens, dans la nuit du 3 au 4 Décembre 1870.

Alors s’engagèrent sur une étendue de longueur de 20 kilomètres environ, depuis Meung, Beaugency, jusqu’à la forêt de Marchenoir, les terribles et courageux combats de l’armée de la Loire contre plus de 150 000 Allemands.

Messas se trouvait en plein dans la ligne d’opérations, il était occupé seulement par quelque centaines de francs tireurs et de troupes débandées et éparses.

Les Prussiens venant de la direction de Meung par la Croix Poncet et le clos des Barrillières attaquèrent Messas dans la soirée du 7 Décembre. Le combat fut terrible. Il eut lieu surtout sur la place de l’église, autour du clocher, dans les cours et jardins voisins et aussi depuis l’église jusqu’au haut du Fief et du côté opposé jusque vers la Perrière et enfin rue des Grands Maisons qui remonte vers Vernon.

La défense fut héroïque et les Prussiens étaient en nombre écrasant contre une poignée de combattants. Les pauvres francs tireurs, retranchés dans des maisons, des granges, des descentes de caves, des coins de murs, dans le clocher de l’église, du haut duquel ils tiraient, combattirent en désespérés et firent un mal énorme à leurs assaillants.

Connaissant la férocité de leur adversaires à leur égard, ils se savaient perdus et en effet, les pauvres gens, ne pouvant être délogés par les moyens ordinaires furent la plupart brûlés vifs dans leurs retranchements, les Prussiens ayant mis le feu aux bâtiments les repoussaient dans les flammes ou les fusillaient sans merci à bout portant.

Ce fait est absolument véridique, M. Bridault atteste que son frère à aidé dès le lendemain à enterrer dans le cimetière les pauvres cadavres carbonisés des francs tireurs.

Non satisfaits de cette sauvage façon de se battre, les Prussiens, dans la nuit qui suivit le combat, pour assouvir et compléter leur vengeance, mirent le feu, torche à la main à toutes les maisons et granges d’où les francs tireurs leur avaient résisté et veillèrent, arme au pied, à ce que la destruction par le feu fut complète, menaçant de tirer sur quiconque s’approcherait pour éteindre.

Les pertes de l’ennemi furent considérables, la place de l’église, notamment était recouverte de cadavres prussiens ainsi que le rapporte un témoin du pays placé de force à la tête d’une colonne prussienne, éclairée par une lanterne et se dirigeant en reconnaissance vers Vernon dans la nuit qui suivi le combat.

Mais le lendemain matin, il ne restait plus trace du charnier humain. Tous les cadavres avaient été enlevés dans la nuit et dirigés vers Meung dans des tombereaux.

Quelques cadavres prussiens retrouvés ça et là, furent cependant enterrés le lendemain dans les jardins du café près de la place de l’église et dans différents endroits, ainsi que ceux des soldats Français.

Enfin, par lâcheté, les Prussiens tuèrent à Messas, dans son lit et en tirant par une fenêtre, un pauvre vieillard qui ne pouvait répondre à leur appel, étant presque aveugle, sourd et infirme. En outre un grand nombre de personnes inoffensives ont été battues assommées, à coup de pied et à coup de crosse de fusil.

Les habitations brulées à Messas dans les conditions rapportées ci-avant étaient au nombre de quatorze, dont celle d’un des membres de ma famille au Fief

Après les combats, incendies, assassinats du 7 et 8 Décembre, la pauvre commune de Messas ne fut pas au terme de ses malheurs, elle fut continuellement occupée, harcelée, vexée, soumise à toute espèce de réquisitions en argent, bestiaux, grains, fourrage, travaux de bras, charrois, exigés brutalement, sans compter le pillage, les actes sauvages des Prussiens ivres, qui gaspillaient le vin, laissaient les tonneaux percés s’écouler dans les caves et celliers et souvent défonçaient les tonneaux à coups de bottes et à coups de crosse de fusil.

La commune de Messas, si cruellement éprouvée par l'occupation prussienne et les combats dont elle fut le théâtre, a eu le bonheur inespéré et presque unique, de ne perdre au cours de la guerre de 1870-1871, aucun de ses nombreux enfants qui y ont été appelés, une trentaine environ. Juste compensation à ses autres malheurs !!

Autre tableau réconfortant : une fois la bataille passée, les hommes déterrent les pioches et le grain caché que les pillards n'avaient pu découvrir et, faute de chevaux (il n'y en avait plus au pays) se mirent à cultiver à bras et à ensemencer.

Plus tard, après l'armistice, lorsque les régiments prussiens repassèrent, ils furent ébahis des larges plaines de beaux blés verts… pas un coin de terre n'avait été oublié et toutes les vignes avaient été taillées et cultivées. La récolte qui suivit fut splendide.

Les combats de 1870 à Messas sont rappelés dans la mention suivante, inscrite sur une muraille intérieure de l'église abbatiale de Beaugency : Dieu et Patrie.